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'''La chaîne du diable''', légende nivernaise collectée auprès de Jaques Magnand, né à Murlin par Millien et publiée dans le n° 3-3 de la ''Revue des Traditions Populaires''. ==Texte intégral== Le diable était le plus beau des anges, le premier après le bon Dieu qui l'aimait beaucoup et qui l'avait pris pour associé, mais il ne répondait pas à cette confiance; il était hargneux, jaloux et traître. Et pourtant la bonté de Dieu ne se lassait pas et le mettait toujours à l'aise. Ainsi, une année, ils avaient à partager la récolte d'un champ de blé : le bon Dieu proposa au diable de prendre par moitié ce qui était dans la terre et ce qui était dessus :<br/> — Non, dit le diable, je veux pour moi seul ce qui se trouve en terre. C'est là que nous avons mis le grain.<br/> — Tu l'auras, dit le bon Dieu. Et le diable fut déçu comme il le méritait. L'année suivante, le même champ contenait une récolte de pommes de terre.<br/> — Cette fois, dit le diable, je ne me laisserai pas duper, (car il s'en était pris au bon Dieu de sa propre erreur) je ne veux pas de ce qui est en terre. Il n'eut que les fanes des truffes, et devint si furieux qu'il provoqua, le bon Dieu, le combattit, fut vaincu et condamné à être enfermé et enchaîné dans une prison construite exprès pour lui : l'enfer. La chaîne qui l'attache est bien grosse, mais le diable la ronge avec une telle violence, sans se reposer ni nuit ni jour, qu'au bout d'un an elle est réduite à une extrême ténuité. Le matin du dimanche des Rameaux, elle n'est pas plus grosse qu'un cheveu : un effort de plus, elle se romprait, mais le diable à bout de forces tombe de fatigue et s'endort. C'est au moment solennel de la procession des Rameaux, à cette heure où les rochers s'entr'ouvrent pour laisser voir leurs trésors, où les vents se livrent bataille<ref>Le vainqueur dominera pendant toute l'année. Au moment de la procession, bien des regards sont fixés sur les girouettes et surtout sur le coq du clocher : Est-ce soulaire, brise, galerne, etc., qui l'emportera ?</ref>, où les prêtres frappant aux portes de l'église cassent les portes de l'enfer, c'est alors que la chaîne se forge de nouveau. Le diable en s'éveillant la trouve aussi forte qu'elle l'était un an plus tôt et se remet à ronger furieusement ses fers pendant toute l'année. [[Catégorie:Conte de l'ogre dupé]] [[Catégorie:Légende]] [[Catégorie:Revue des Traditions Populaires, année 1888]] [[Catégorie:Achille Millien]]

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