Voir le texte source
De Wikicontes.
pour
Le pays des chiens
Aller à :
Navigation
,
rechercher
CONTE POPULAIRE SICILIEN (Conté en 1889 par Fortunata Girma, de Catane, veuve, âgée de 27 ans), GIUSEPPE PITRE. En lisant ce conte, tout le monde se sera rappelé un épisode des Mille et une Nuits, VIIe Voyage de Sindbad le Marin. tiré de La Revue des traditions Populaire de 1890/01/15 (A5,T5,N1)p. 48. Source: gallica.bnf.fr / MuCEM, 2010-48292 ---- === LE PAYS DES CHIENS === IL était une fois un roi, qui avait un fils toujours malade. Les médecins ne sachant que lui faire lui conseillèrent un voyage sur mer. Ce jeune homme prit avec lui quatre ministres, s'embarqua sur un navire et commença à se promener de çà de là. Pendant qu'il était en voyage, il s'éleva une tempête, et les nuages étaient si épais que les marins ne voyaient plus : en consultant la carte de la navigation, ils reconnurent qu'ils se trouvaient au milieu des « Caneschi ou Chiens » et ils ne savaient comment faire pour s'en retirer. Ces Chiens arrivèrent et ils bouchaient toute la route. Ils s'emparèrent du fils du roi et de ses ministres et la semaine suivante, ils tuèrent un des ministres et les mangèrent. La seconde semaine, ils en mangèrent un autre, la semaine d'après, un troisième; la quatrième semaine, ils mangèrent le dernier. Ainsi tous les quatre furent dévorés, le riuzzo (le fils du roi) resta seul, mais ils ne le tuèrent pas, parce qu'il était trop maigre. Un mois après le fils du roi ayant engraissé un peu, le cuisinier vint et voulut le tuer. Mais le jeune homme qui la première journée avait trouvé en fouillant la terre une arme rouillée, quand il vit que le domestique l'appelait le menaça de le percer. Le cuisinier va trouver le roi chien qui était le maître de cette terre et lui raconta la chose. Le roi fit venir le riuzzo et lui dit : « Eh bien! tu ne seras pas tué ; mais tu épouseras ma fille, sinon tu seras saigné et mangé. » Le prince, pour ne pas perdre la vie, épousa la fille du roi ; mais comment aurait-il pu la désirer en mariage puisqu'elle était plus chienne que son père? pouvait-il aimer une bête? Cette fille du roi se trouvant malade et en danger de mourir, dit à son époux : «Il faut que vous sachiez l'usage qui règne ici : quand une femme meurt, on ensevelit son époux avec elle, et quand le mari meurt, on ensevelit de même sa femme avec lui. » Elle mourut, et avec elle fut enseveli le fils du roi. Pour qu'il ne mourût pas de suite, on mit avec lui un grand pain (un guastidduni), une certaine quantité d'eau et une petite chandelle. Un jour qu'il était à manger du pain, il vit luire une chandelle comme celle qu'il avait avec lui, et il cria. — Qu'est-ce ? je te conjure au nom de Dieu. — Une femme répondit, « Ne me conjurez pas ; je suis une chair baptisée et confirmée comme vous. » La dame s'approcha et lui dit : « J'étais mariée avec un des chiens de cette terre ; il est mort, et j'ai été ensevelie avec lui. » — La même chose m'est arrivée. » répondit-il... Ils se dirent l'un à l'autre.... « Nous nous ferons passer pour frère et soeur. » Depuis cette rencontre, ils demeurèrent tristes, ne sachant comment sortir de cette sépulture. Sur la permission de Dieu, il plut pendant quatre jours et quatre nuits. La terre se ramollit, la pierre du tombeau fut descellée aussi, et l'eau commença à y pénétrer. « Nous sommes sauvés ! » murmura le fils du roi. Alors, ils entassèrent beaucoup de morts, montèrent dessus, et avec un os, ils firent un trou sous la pierre pour essayerde se tirer de cet endroit. Ils finirent par y réussir et en sortirent heureusement. Dès qu'ils furent dehors, ils coururent vers la plage pour essayer de quitter le pays ; ils aperçurent au loin un bâtiment, et la fille reconnut que c'était un navire de son père. Ils lui firent des signaux : le bâtiment s'approcha de la rive, les em- barqua et partit. Ils arrivèrent à la ville du père de la jeune fille, mais personne ne la reconnaissait, parce que lui, le garçon était étranger, et qu'il y avait longtemps qu'elle était absente. La fille se mit à faire des ouvrages, et pour, vivre, il allait les vendre par la ville. Il vendait aujourd'hui, elle vendait demain, vendant à l'un, à l'autre ; un de ces ouvrages fut porté dans la maison d'une certaine dame. Dès qu'elle le vit, elle se mit a pleurer et à dire : « Comme ceci ressemble à ce que faisait ma fille ! Je veux voir la femme qui l'a confectionné. » Elle acheta l'ouvrage, donna beaucoup d'argent, et fit promettre qu'on lui amènerait la femme. Les deux jeunes gens y consentirent, s'habillèrent du mieux qu'ils purent, et se présentèrent à la dame comme frère et soeur. Dès que la fille vit sa mère, elle la reconnut, alla se jeter à ses pieds, et se mit en pleurant à la baiser et à l'embrasser, et elle lui raconta toutes les peines qu'elle avait souffertes. Puis elle lui présenta le jeune homme, en lui disant qu'il était fils de roi, et qu'elle le voulait pour mari. Vous vous figurez bien que la mère y consentit avec plaisir On fit avertir le père du jeune homme qui ne montra pas moins de joie. Il vint, et l'on ne peut dire la fêle qu'ils firent. On célébra les noces, il y eut de grands festins et ils vécurent heureux et contents. Fable écrite, fable dite, Dites la vôtre, la mienne est dite. [[Catégorie:Revue des Traditions Populaires, année 1890]]
Revenir à la page
Le pays des chiens
.
Outils personnels
Connexion
Espaces de noms
Page
Discussion
Variantes
Affichages
Lire
Voir la source
Afficher l’historique
Actions
Rechercher
Navigation
Accueil
Communauté
Actualités
Modifications récentes
Page au hasard
Aide
Boîte à outils
Pages liées
Suivi des pages liées
Pages spéciales