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Chamelier et le tigre (le)
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Ce conte d'Inde centrale, collecté par Louis Rousselet, est issu de la Revue des Traditions Populaires n° 1-2. == Texte intégral == Un chamelier, traversant un jour une jungle, aperçut sur son chemin une fosse profonde que les villageois avaient creusée et dans laquelle un tigre s'était laissé choir. Il s'approcha de la fosse et vit le tigre qui faisait des bonds formidables sans parvenir à gagner l'orifice du piège. En le voyant le tigre lui dit :<br/> — Homme charitable, je me suis par mégarde laissé tomber dans ce trou, où je meurs de faim et de soif; par grâce, aide-moi à sortir, et je te jure que jamais je ne te molesterai ni toi, ni tes bêtes. Le chamelier, qui était simple et bon, eut pitié du captif et, ayant placé une grosse branche dans la fosse, il aida ainsi le tigre à en sortir. A peine celui-ci fut-il dehors qu'il poussa un rugissement et dit au chamelier :<br/> — C'est par la faute de tes semblables que je souffre de la faim depuis trois jours, aussi trouveras-tu juste que pour me réconforter je commence par te manger. Le chamelier se mit à trembler de frayeur ; puis, se jetant à genoux devant le tigre, il lui dit :<br/> — Noble seigneur, j'ai eu foi dans vos promesses et je vous ai délivré, et maintenant vous voulez me manger. Peut-être en effet suis-je coupable et dois-je porter la peine des fautes de mes semblables. Cependant ce qui vous paraît juste me semble à moi injuste. Ne pourrions-nous, avant de prendre une décision, demander l'avis de quelqu'un? Que les trois premiers animaux que nous rencontrerons soient nos juges.<br/> — Soit, dit le tigre, j'attendrai. Ils se mirent donc en chemin et comme ils sortaient de la jungle, ils aperçurent un chameau. Le chamelier, plein de joie, lui exposa son cas.<br/> — Je trouve très juste que le tigre te mange, dit le chameau. N'agis-tu pas de la sorte envers moi ? Quand je pars chargé de lourds fardeaux, tu m'excites par de douces promesses, puis lorsque, harassé de fatigue, je ralentis le pas, tu frappes sans pitié ma croupe à coups de bâton et, arrivé au but, tu me donnes pour provende les épines du buisson.<br/> Le chamelier courba la tête et reprit son chemin, suivi par le tigre. Au bout de quelques instants ils aperçurent un corbeau. Ce fut au tour du tigre d'exposer sa requête.<br/> — Seigneur tigre, dépêche-toi de manger le misérable ! s'écria le corbeau, qui pensa tout de suite qu'il lui resterait toujours à gratter quelque os du festin.<br/> Le tigre se préparait sans plus ample informé à manger le chamelier, quand celui-ci aperçut derrière un buisson un pauvre singe qui se cachait, tout tremblant de se trouver en si redoutable compagnie.<br/> — Il me faut un troisième jugement, dit alors le chamelier au tigre. C'est donc le singe qui décidera.<br/> — Soit, dit le tigre.<br/> Et il fit signe au singe d'avancer. — Le cas est grave, très grave, dit le singe en se grattant la tête d'une main fébrile. J'ai bien entendu votre histoire, mais mon esprit est faible et les faits ne me paraissent pas clairs. S'il plaît à Vos Seigneuries, transportons-nous sur les lieux mêmes. Je pourrai peut-être alors juger en pleine connaissance de cause. Ils retournèrent donc tous les trois dans la jungle. Lorsqu'ils furent arrivés au bord de la fosse, le chamelier recommença son récit.<br/> — Tout cela est fort bien, dit enfin le singe, mais me paraît difficile à croire. Comment un homme aussi faible que toi a-t-il pu retirer de ce trou un tigre aussi lourd et aussi puissant ? Il y a là un point obscur qu'il faut éclaircir. Que le seigneur tigre veuille bien se replacer un instant dans la situation où il se trouvait quand le chamelier est survenu. Sans plus réfléchir, le tigre, d'un bond, sauta dans la fosse. Aussitôt le singe enleva prestement la branche qui avait servi au sauvetage, et, voyant le tigre pris, il sauta lestement lui-même sur un arbre, hors de la portée de l'homme.<br/> —Je n'ai souci de ta vie, dit-il au chamelier, mais je connais mon tigre. Si tu avais fourni le diner, j'aurais servi de dessert. Chacun en ce monde ne plaide que pour sa cause. [[Catégorie: Conte d'animaux]] [[Catégorie: Revue des Traditions Populaires, année 1886]] [[Catégorie: Louis Rousselet]] [[Catégorie: Inde]]
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