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Pommes d'or (les)
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Léon Pineau Contes Populaires du Poitou Paris Ernest Leroux Editeur 1891 Il y avait une fois un roi qui avait un très joli jardin. Il avait des pommiers d'or magnifiques. Toutes les nuits ses pommes d'or étaient volées. Il avait trois enfants. Il dit à ses enfants : — Mes enfants, il faut veiller (surveiller) le voleur qui vole nos pommes. — Ah ! que dit l'aîné, mon papa, je vais y coucher. Quand ce vint dans la nuit, la peur le prend, et il tourne rentrer bien vite. Le papa lui demande s'il avait aperçu le voleur qui volait les pommes. Il lui dit que non, que la peur l'avait pris, et qu'il s'était sauvé. — Ah! que dit le cadet, t'es bien craintif, va! Je m'en vas y coucher à mon tour. Voilà qu'il y couche. Quand ce vint à peu près à la même heure, la peur le prend encore plus fort que son frère et il tourne rentrer au galop. Ah ! le matin, quand il raconta encore ça à son père : — Ah, mes enfants ! Faut que vous soyez bien malhardis ! — Allons ! que dit le plus jeune, papa, je vais y rester, moi, à mon tour. Voilà le plus jeune qui y reste, et il y reste bien toute la nuit. Il aperçoit un gros lion qui sort de sous une grosse pierre aussi lourde comme une meule de moulin, et va se charger de pommes. Il retourna rentrer là où il avait sorti, rabat la pierre, et il ne s'y connaissait absolument rien. Voilà, le matin, que le papa lui demande : — Et toi, mon fils, as-tu vu le voleur ? — Oh oui, papa! je l'ai vu! Bien sûr que je l'ai vu ! C'est un gros lion qui vient voler nos pommes. Et voilà qu'il fait voir l'endroit là où il avait sorti et rentré. Ils aperçurent cette grosse pierre ; et il a fallu la lever. Ils avaient aperçu dessous un puits, qu'ils ne pouvaient pas savoir là où que ça allait. Voilà que dit le roi : — Il faut avoir des cordes assez longues et attacher un grand seau, et on descendra là où il ira. Ils attachent une sonnette en haut du câble : quand la sonnette sonnait, il fallait les remonter. — Ah! que dit l'aîné, je m'en vais y descendre, moi, papa! Voilà qu'il se met dans le seau pour descendre. Quand il fut bien bas, bien bas, la peur le prend. Bien vite, il fait sonner la sonnette pour le remonter. Quand il fut monté : — Qu'est-ce que tu as vu, mon fils, donc pour t'avoir fait tant de peur? — Je n'ai rien vu, papa; mais la peur m'a pris, je n'ai pas pu aller plus loin. — Allons ! que dit le cadet, je m'en vais y descendre à mon tour. Voilà qu'il descend peut-être bien cinquante mètres plus bas que son frère; la peur le prend et il fait sonner la sonnette, bien vite pour le remonter. — Ah, mon Dieu ! que dit le papa, voyons ! Qu'est-ce que tu as vu donc, toi aussi ? II répond : — Papa, moi, j'ai eu tant de peur, que je n'ai pu aller plus loin. — Allons ! que dit le petit, il faut bien que je me hasarde à mon tour, donc, moi aussi ! Voilà le plus jeune qui se met en train de descendre, et il descend, il descend, jusqu'au bout. Il se trouve à tomber dans l'autre monde. Quand il fut là, il était bien épave (surpris) de voir personne. Il fit rencontre d'une vieille bonne femme. — Ah ! qu'elle dit, mon ami, comment que vous êtes là? — Ah ! ma bonne femme, c'est que nous avons des pommes d'or dans notre jardin, et toutes les nuits nos pommes d'or sont volées, et puis, nous avons voulu savoir qui volait nos pommes et nous avons descendu jusqu'ici par le passage qui menait le voleur. — Ah, mon bon ami ! Vous êtes bien exposé ! Vous êtes en grand danger. Vous voyez ces trois châteaux? (Elle lui fit voir trois beaux châteaux, un château de fer-blanc, un autre d'argent et le château d'or, là où que les pommes d'or allaient tout le temps). — C'est trois lions qu'habitent les trois châteaux; c'est impossible que vous vous en tiriez. Ah ! vous serez mangé ! Il était très bien armé. Qu'il dit : — Ma bonne femme, faut bien se hasarder, puisqu'on est là. Mais cette bonne femme lui donne un petit pot de graisse. — Tenez, qu'elle dit, mon ami I Vous voilà un petit pot, et chaque fois que vous serez blessé, vous vous graisserez de cette graisse. Voilà qu'il attaque le château de fer-blanc, le premier. Aussitôt que le lion l'a vu arriver, le voilà à se hérisser contre lui, à donner des bramées (à rugir) ; mais le jeune homme ne perd pas la carte. Chaque fois qu'il arrivait pour sauter sur lui, il lui coupait les jambes, il lui coupait le corps, il en vit bien vite le bout. Il tua le lion. Il se trouve maître du château. Il entre dans le château, visite le château. Voilà qu'il y avait là une belle demoiselle, la plus gentille demoiselle qu'il fut possible de voir. — Ah, mon cher garçon ! qu'elle dit, ces vilaines bêtes m'avaient volée, et puis fallait que je reste là. C'est bien malheureux, j'ai mes deux sœurs qui sont dans les deux autres châteaux, et comment faire pour les avoir? — Mademoiselle, faut bien tâcher ! Voilà qu'il attaque le château d'argent. Voilà aussitôt que le lion le vit, joliment (beaucoup) plus méchant que l'autre, il saute dessus le garçon, lui coupe un bras. Bien vite, l'autre se frotte de la graisse; il était guéri tout de suite. Le voilà à se défendre généreusement; ça fait qu'il coupe l'autre lion en deux. Le voilà qui se trouve maître de deux châteaux. Il entre dedans; il trouve cette demoiselle qui était encore bien plus belle que l'autre. — Ah ! mon cher ami ! nous autres que n'avons été volées par ces trois mauvaises bêtes ! Il y a encore notre sœur qui est au château d'or; mais c'est impossible que vous l'attaquiez. — Ah ! qu'il dit, pourtant faut bien, puisqu'on est risqué. Le voilà, si tôt que ce mauvais lion le vit que c'était comme un enragé II saute sur le jeune homme; du premier coup le coupe en deux. Voilà bien vite qu'il se roule les deux morceaux l'un contre l'autre, se frotte de sa graisse, et on n'y connaissait plus rien. Les voilà à recommencer. Le lion lui coupe une jambe. Bien vite il se frotte de sa graisse et il se trouve guéri. Voilà le lion qui lui porte encore un mauvais coup, il lui coupe un bras. Bien vite il se frotte de sa graisse, et puis il était guéri. Voilà le lion qui commençait à avoir jeté ses forces; le jeune homme reprend les siennes, et tape sur le lion, il arrive à lui couper le coup. Voilà qu'il les avait tués tous trois; qu'il était maître des trois châteaux. Il entre pour visiter le château. L'autre demoiselle, qui était tout habillée en or, qui était quatre fois plus belle que les autres encore, elle saute au cou du jeune homme. — Ah ! vous nous sauvez toutes trois ! Quel bonheur que nous avons eu ! Ils se sont rassemblés tous les quatre, les trois demoiselles et le jeune homme, et ils sont restés quelques jours dans les châteaux. Ils avaient visité tout ce qui y était; ils avaient pris l’or et l'argent, tout ce qu'ils avaient pu emporter. Et les voilà partis pour retourner au pays. Ils étaient arrivés au puits là où qu'il était descendu. Voilà qu'il sonne la sonnette. (Il devait être bas (profond), oui, ce puits) ! Ils ont bien vite descendu le seau ; et il a fait monter la demoiselle du château de fer-blanc. Quand elle a été montée, ils ont vu cette belle demoiselle qui montait; elle leur a raconté qu'elles avaient été volées par trois lions, et elle a fait descendre le seau bien vite. Il a fait remonter celle du château d'argent. Quand celle-là a été montée, une fois plus belle que l'autre, ah! ces messieurs s'étonnaient de voir deux si belles demoiselles! Ah! ils étaient contents, ils étaient contents! Ils renvoyèrent encore le seau. Voilà qu'il fit monter celle du château d'or. Et puis, en même temps, elles montaient tout l'or et l'argent qu'elles pouvaient faire monter avec elles. Voilà, quand elle arrive, de voir cette demoiselle habillée tout en or, tout en or, jamais, jamais on n'avait vu rien de si beau ! Voilà qu'ils renvoient encore le seau pour faire monter le jeune homme. Quand il était en route pour monter, ses coquins de frères coupent la corde et le font cheur (tomber) dans l'autre monde. Ah, bonnes gens! il était là! Il n'avait plus de secours pour monter. Et voilà que ces coquins avaient déjà fait leur choix des demoiselles. Celle-là du château d'or était pour l'aîné ; celle-là du château d'argent, pour le cadet, et celle-là du château de fer-blanc pour un cousin. Et voilà que le malheureux se promenait dans l'autre monde. Il rencontra encore la bonne femme. Qu'elle lui dit : — Mon ami, eh bien! Vous avez été vainqueur? — Ah oui ! qu'il dit, j'ai sauvé les demoiselles, et je les ai fait monter dans notre pays ; et puis moi, quand j'ai voulu monter, ils ont coupé la corde, et me voilà là ! — Allons, eh bien ! qu'elle dit, vous ne savez pas, vous voilà une bête. Vous allez prendre des animaux, des moutons, des chapons, des poulets, tout ce que vous voudrez, et puis vous monterez sur ses reins (son dos). Elle vous montera chez vous; et à toutes les fois qu'elle dira : Couac ! Vous lui jetterez un animal. Voilà qu'il en fait une provision de trois cents : il monte sur les reins de la bête. La voilà qui monte le tout. Toutes les fois qu'elle disait : Couac! il lui jetait une bête. Elle monta, monta, bien haut; elle avait toutes mangé ses bêtes, et il ne se trouvait pas en avoir assez : elle fit : Couac ! Point de bête, et les voilà redescendus en bas. Voilà qu'il en prend soixante-dix de mais (plus), trois cent soixante-dix. Allons! A toutes les fois qu'elle disait : Couac ! il lui jetait une bête, jusqu'en haut. A la dernière de ses bêtes, il arrivait sur le bord ; il n'avait plus de bêtes à lui donner; en étant sur le bord, il sauta comme ça à la grave (en grimpant) et ça fait qu'il finit de monter. La bête le laissa au pendillot (suspendu). Voilà aussitôt qu'il fut monté, il entre au château de son père. Ces demoiselles, sitôt qu'elles l'aperçurent, les voilà à taper dans leurs mains, à sauter, à danser! — Le voilà, notre bon ami ! qui nous a sauvé la vie. Le voilà ! Le voilà! Le voilà bien, rendu ! Eh bien, lui, d'un meilleur caractère que ses frères, il fait marier celle-là du château d'argent avec l'aîné, celle-là du château de fer-blanc avec le cadet, et lui, comme bien entendu, se maria avec celle du château d'or. Et moi, très charmé d'avoir pris connaissance de ça, ils me donnèrent une bonne pièce, me firent boire un bon coup, et je me suis rendu. [[Catégorie: Conte merveilleux]] [[Catégorie: AT 0301]] [[Catégorie: Léon Pineau]] [[Catégorie: Poitou]]
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