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==Texte intégral== Par une splendide soirée de février, un Sourdin se promenant auprès de l'hôpital de Villedieu-les-Poëles, aperçut tout à coup la lune qui se reflétait dans les eaux de la rivière, assez large à cet endroit. Le spectacle lui parut bien étrange; il n'avait jamais vu pareille chose. Il considéra longtemps cette lune en se demandant pourquoi elle était dans l'eau; puis il s'en alla quérir plusieurs compatriotes aussi avisés que lui. Tous s'empressèrent d'accourir en grande hâte. Mais il n'y avait plus de lune dans la rivière. L'astre des nuits avait disparu derrière un nuage épais, et il ne semblait pas qu'il dût reparaître de sitôt. Le Sourdin restait stupéfait, lorsqu'il vit un âne qui étanchait sa soif bien tranquillement à la rivière.<br/> — Compères, dit-il alors aux curieux, je comprends ce qui se passe. L'âne que voici a avalé la lune en buvant; il faut le tuer et nous la retrouverons dans son estomac !<br/> — Ce n'est pas la peine ! objecta l'un deux; à quoi la lune nous servirait- elle ?<br/> — Comment, compère, osez-vous faire une telle question? Nous fixerons la lune au haut de notre clocher et nous y verrons toujours clair !<br/> — Tiens, vous avez raison, compère ! Tuons le bouri, on trouvera la lune dans son ventre ! Les Sourdins saisirent l'âne, le tuèrent et lui ouvrirent le ventre; mais la lune n'était point dans son estomac.<br/> — Compères, dit l'un d'eux, ce gredin de bouri avait déjà digéré la lune; si nous avions attendu quelques instants; il nous en aurait peut-être rendu les quartiers ! [[Catégorie:Conte facétieux]] [[Catégorie:Normandie]]

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