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==Texte intégral== Le curé de Villedieu-les-Poëles résolut de terrifier un jour ses paroissiens par son éloquence inaccoutumée et des arguments irrésistibles. Il médita longtemps sur le mode à employer pour ramener à la grâce ses ouailles impénitentes, et il trouva. Il enveloppa de papier gris un petit crucifix, bien décidé à l'exhiber, dans une magnifique période oratoire. Malheureusement pour lui, dame Olive, la servante du presbytère, en rentrant du marché, déposa sur la table auprès du crucifix un hareng saur enveloppé également de papier gris. Le curé distrait s'en empara et monta en chaire. Après avoir entretenu pendant un grand quart d'heure ses auditeurs attentifs, il continua :<br/> — Mes frères, c'est Dieu qui vous a donné la vie; c'est lui qui vous a gratifiés de la santé, de la fortune; c'est lui qui vous a accordé les saintes joies de la famille; c'est lui qui, après votre mort encore, vous accordera le bonheur de le contempler pendant toute l'Eternité. En échange de toutes ces grâces, qu'avez-vous fait de ce Dieu si bon, si puissant, si magnanime? Comment l'avez-vous traité, indignes pêcheurs que vous êtes?<br/> Et tirant de sa poche le hareng saur dont il jeta au loin l'enveloppe, il le brandit, en s'écriant :<br/> — Voilà votre ouvrage ! Les Sourdins, ahuris de cette transformation à laquelle ils ne comprenaient rien, s'en allèrent ne sonnant mot. [[Catégorie:Contes du Pays de Saint-Pol]]

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