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==Texte intégral==
Un Sourdin, voyageur en métaux, s'arrêta un soir dans une auberge de Saint-Sever où il demanda à souper et un gîte. L'hôtelier répondit qu'il lui était impossible de le satisfaire; tous les lits étant occupés. Le Sourdin insista, protestant qu'il se contenterait du moindre siége, attendu qu'il devait se lever de grand malin pour continuer sa route. L'hôtelier lui proposa alors de partager le lit d'un nègre qui était arrivé deux jours avant et qui dormait profondément. Le Sourdin hésita d'abord; puis, lorsque l'hôtelier lui eut affirmé que ce nègre ne le croquerait point, il se décida, en faisant promettre à l'hôte de l'éveiller dès la première heure.

Lorsque le Sourdin fut endormi, l'hôtelier lui barbouilla consciencieusement le visage de noir de fumée; et, le lendemain, il l'appela à l'heure prescrite. Le Sourdin s'empressa de sortir du lit, de se vêtir et de se présenter devant la glace. Quelle fut sa stupéfaction d'y voir se refléter une face du plus beau noir qui se puisse imaginer ! — Je comprends l'affaire, dit-il après un instant; l'hôtelier s'est trompé; au lieu de m'éveiller, il a éveillé le nègre ! Je me recouche ! Et le Sourdin retira ses vêtements, se mit au lit et se rendormit.
==Note du collecteur==
Cette facétie rappelle une farce du Palais-Royal : est-elle antérieure à la pièce? Ou est-ce une adaptation populaire? Ce dernier cas est le plus probable. Il nous a, en tout cas, paru intéressant à noter.
[[Catégorie:Catégorie:Facéties normandes, contes recueillis à Villedieu-les-Poëles]]