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Veillée dans le puits (la)
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Conte paru dans la [[Revue des Traditions Populaires]] n° 1-1. Il a été recueille par [[:Catégorie:Achille Millien|Achille Millien]] dans le [[:Catégorie:Nivernais|Nivernais]], auprès de la [[Veuve Sourdeau]]. == Texte intégral == Il y avait une fois une femme restée veuve avec une petite fille. Elle épousa en secondes noces un homme veuf ayant aussi une fille de son premier mariage. Elle ne pouvait souffrir cette enfant dont elle était jalouse, car elle la voyait aussi douce, aussi bonne que la sienne était acariâtre et méchante. Elle l'éloignait de la maison autant qu'elle le pouvait. Un soir, elle lui dit : « Vilaine que tu es, pourquoi ne vas-tu pas veiller hors d'ici ? » La petite prit sa quenouille et son fuseau et sortit toute désolée, ne sachant où aller. En passant près du puits, elle se pencha instinctivement sur la margelle et fut bien surprise de voir au fond une grande clarté et des demoiselles, si surprise que son fuseau lui échappa et tomba dans le puits. — A la garde de Dieu, dit-elle, je vais te suivre. Elle se jeta par dessus le bord et se trouva tout-à-coup près des demoiselles dont l'une se prit à dire : — Maman, maman, voici une petite fille qui vient veiller avec nous, qu'allons-nous lui donner? — Que désires-tu d'elle? répondit la mère qui était une belle dame. — Qu'elle me pouille. Et la petite fille se mit de bonne grâce à fouiller dans la che- velure de la demoiselle. — Que trouves-tu, ma mie ? demanda la mère. :Ni pou ni lente, :La tête bien blanche. — Que ni pou ni lente ne t'arrive, ma mie. La veillée finie, au moment où l'enfant allait quitter le puits, la demoiselle dit à sa mère : — Que lui souhaitez-vous ? — Je souhaite qu'à toute parole qu'elle prononcera, il lui sorte un écu de la bouche. La petite fille rentra et la belle-mère lui cria, de mauvaise humeur : — Où as-tu veillé, vilaine ? — Dans le puits. Et à chaque mot un écu tombait de ses lèvres. — Ah! dit la belle-mère enchantée, tu n'y retourneras pas; c'est toi, ma fille, qui iras demain. Et le lendemain soir, elle conduisit au bord du puits la méchante enfant, qui vit aussi la clarté dans le fond, et jeta son fuseau en disant : — A la garde du diable, je vais te suivre. — Maman, s'écria la demoiselle, voici une petite fille qui vient veiller ; que lui donnerons-nous ? — Que désires-tu d'elle? dit la mère. — Qu'elle me pouille. Mais ce fut en rechignant que l'autre se mit à toucher du bout des doigts les cheveux de la demoiselle. — Que trouves-tu, ma mie? demandait la dame. — Pou et gale, madame. — Que pou et gale t'arrivent, ma mie. Et elle eut aussitôt la tête couverte de vermine. Après la veillée, la demoiselle dit : — Que lui souhaitez-vous, maman? — Je souhaite qu'à chaque parole qu'elle prononcera, elle fasse un pet. Lorsqu'elle revint à la maison, sa mère lui demanda bien vite des nouvelles de sa veillée. Mais comme le souhait s'accomplissait, elle entra dans une si grande colère qu'elle en mourut, et sa fille ne tarda pas à faire de même, de rage et de honte, si bien que les autres vécurent tranquilles jusqu'à la fin de leurs jours. [[Catégorie: Conte merveilleux]] [[Catégorie: Nivernais]] [[Catégorie: Achille Millien]]
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