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Conté en patois par Amicet Madon, de Blangy-sur-Termoise. ==Texte intégral== Il y avait une fois une femme veuve qui avait un petit garçon. Elle lui dit un jour :<br/> « Tu devrais bien aller songner<ref>Garder, faire paître.</ref> notre vache.<br/> L'enfant y consent ; il va détacher la vache pour la mener pâturer.<br/> « Tu auras soin, lui dit sa mère, de la mener paître où il fait bon, c'est-à-dire où il y a beaucoup de bonne herbe.<br/> — Oui, ma mère ». Le voilà parti avec la vache. Tout-à-coup il aperçoit sur le toit de chaume de la maison une belle touffe de gazon.<br/> « Si je pouvais y mener ma vache, se dit-il, elle serait bien vite rassasiée. Eh bien, attends, je vais y porter sa tête ».<br/> En disant cela, il coupe la tête de l'animal, grimpe sur le toit et la dépose auprès de la touffe d'herbe. Sa mère sort en ce moment de la maison ; elle lui demande où est sa vache.<br/> « La voilà là-haut, lui répond le gamin. Vois comme elle pâture bien.<br/> — Mais, malheureux, qu'as-tu fait ? Tu as tué notre vache !<br/> — Mais non, ma mère, regarde comme elle pâture.<br/> — Oui, malheureux, tu nous as ruinés !<br/> — Eh bien, attends, je vais aller l'annoncer dans le village et la vendre à dix et douze sous la livre ». Il va débiter la viande un peu partout ; mais quoiqu'ayant tout vendu, il ne put ramasser assez d'argent pour acheter une autre vache. Sa mère lui en fit l'observation.<br/> « Eh bien, alors, ma mère, j'ai trouvé un bon moyen pour faire fortune ».<br/> En disant cela, il prend un boyau rempli de sang, le place autour du cou de sa mère et fait mettre celle-ci au lit. Puis il fait appeler monsieur le curé. Quand celui-ci fut entré, le petit garçon se jeta sur sa mère et lui donna dans le cou un grand coup de couteau. Monsieur le curé fut frappé d'épouvante en voyant le sang couler.<br/> « Malheureux, qu'as-tu fait fait ? dit-il ; tu as tué ta mère. — Mais non, monsieur le curé. Vous allez voir ».<br/> Le petit garçon prend alors un peu d'eau dans un petit potelet placé sur le feu et en asperge le cou de sa mère ; puis, tirant de sa poche un sifflet, il siffle trois coups. Sa mère se lève aussitôt et vient saluer monsieur le curé. Celui-ci était resté un moment tout stupéfait de ce qu'il voyait. Quand il eut un peu repris ses sens, il dit au petit garçon :<br/> « Tu devrais me vendre ton sifflet.<br/> — Je veux bien, monsieur le curé. Donnez m'en mille francs et il est à vous.<br/> — Tiens, les voilà ! ». Et monsieur le curé emporta le sifflet. Son père venait justement de mourir. Il se rendit bien vite auprès de lui, lui mit un peu d'eau sur le cou, et se mit à siffler pour le rappeler à la vie, comme il l'avait vu faire au petit garçon. Mais, comme on le pense bien, il eut beau souffler dans son instrument, son père ne ressuscita pas. Furieux de s'être vu refait par le jeune espiègle, il attaqua celui-ci au tribunal, qui condamna l'enfant à être noyé. On mit le condamné dans un sac et l'on chargea un homme du village de le transporter sur une brouette pour aller le jeter dans la rivière. Chemin faisant, l'homme qui le broutait entra dans un cabaret pour se rafraichir et laissa sa brouette à la porte. Un berger qui se trouvait là tout près, voyant quelque chose remuer dans le sac, voulut s'assurer de ce que c'était. S'apercevant que c'était un petit garçon, il lui demanda :<br/> « Où vas-tu comme ça?<br/> « Ah ! ne m'en parlez pas, répondit l'espiègle, on veut me faire évêque de Noyon, et je ne veux pas. C'est pour cela qu'on m'y mène lié dans ce sac.<br/> — Que tu es donc bête ! Si c'était moi, je ne demanderais pas mieux que d'être évêque.<br/> — Eh bien, berger, il ne tient qu'à vous dé le devenir. Mettez-vous à ma place dans le sac, j'irai garder vos berbis ».<br/> Le berger se fait donc lier dans le sac, et l'enfant, endossant le plut<ref>Manteau de berger.</ref>, s'en va plus loin avec le troupeau. Le brouteux revient, reprend sa brouette, arrive sur le bord de la rivière et y jette le berger. Quelques instants après, monsieur le curé vint à passer sur la route où le petit garçon faisait paître les moutons. Il le voit et de reconnaît.<br/> « Eh bien, lui dit-il, on ne t'a donc pas jeté à la rivière ?<br/> — Si fait, monsieur le curé, mais moi, quand on veut me jeter à l'eau, je prends mon vol et je saute par dessus.<br/> — Eh bien, si c'est comme ça, moi, je vais aussi en faire autant ».<br/> Alors monsieur le curé prend son vol pour sauter de l'autre côté de la rivière, mais il tombe au beau mitan. Voyant cela, le petit garçon se sauve. Tout-à-coup, il aperçoit une bande de voleurs qui se mettent à courir après lui. Afin de leur échapper, il se jette à l'eau et veut faire un plongeon ; mais il pique une tête dans la bourbe et ne peut se ravoir. Les voleurs arrivent sur le bord de la rivière et, voyant dépasser un de ses pieds, font bien vite un noeud coulant qu'ils lui jettent. Ils tirent dessus et remontent l'enfant encore vivant; puis ils l'emmènent avec eux au fond d'un bois, où ils préparent un bon repas. Lorsqu'ils furent bien rassasiés, ils enfermèrent l'enfant dans un vieux tonneau et s'en allèrent. Un moment après, un renard attiré par les restes du repas passe auprès du tonneau et y introduit par mégarde sa queue dans la bonde. Le petit garçon la saisit à pleines mains ; aussitôt le renard, effrayé, se sauve en entraînant le tonneau et le petit garçon qui est dedans. À force de cogner les arbres et les pierres, le tonneau se démolit ; le petit espiègle peut enfin en sortir et se retrouve à quelques pas de sa maison. Je vous demande s'il en était content ! ==Notes== <references/> [[Catégorie:Conte facétieux]] [[Catégorie:Contes du pays de Saint-Pol]]
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