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Cosse en cosse
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'''Cosse en cosse'''. Conte collecté par Mme Destriché et publié dans la ''Revue des Traditions Populaires'' n° 3-1. ==Texte intégral== Il y avait jadis un pauvre ménage qui vivait petitement, en travaillant beaucoup; un jour le mari trouva un pois, mais un pois comme on n'en avait jamais vu,il était gros comme une noix ; c'étaient des gens économes, ils le plantèrent; il leva, et poussa tant et si bien qu'après avoir mis rames sur rames, il s'accrocha au ciel. Quand il fut couvert de belles gousses, l'idée vint au bonhomme de l'utiliser comme échelle, et le voilà montant de cosse en cosse, de cosse en cosse; arrivé à la porte du paradis il frappe, saint Pierre lui ouvre et lui demande ce qu'il veut.<br/> — Une petite charité, répond-il.<br/> Saint Pierre lui donne une serviette merveilleuse : lorsqu'on l'étendait, elle se couvrait de toute sorte de bons mets. L'homme, bien joyeux, descend de cosse en cosse ; arrivé à terre il appelle sa femme et lui montre le beau cadeau qu'il a reçu. Comme c'étaient de bons coeurs, ils invitèrent tous les amis à un festin; vous pensez si chacun enviait la serviette. Après le repas, elle fut roulée et mise dans une liette (tiroir); mais une voisine qui avait vu la chose, profita d'une fenêtre ouverte et la vola. Qui fut au désespoir ? les bonnes gens. Le mari eut recours à son pois et monta de cosse en cosse, de cosse en cosse. Arrivé à la porte du paradis, il frappa.<br/> — Comment! encore vous ? lui dit saint Pierre ; décampez au plus vite.<br/> Mais le vieux lui ayant conté sa mésaventure, le Saint eut pitié de lui, et lui donna une bourse qui ne se vidait jamais. Rentré à la maison il se met à danser en secouant la bourse, et l'argent tombait comme grêle; malheureusement le bruit attira la mauvaise voisine qui trouva moyen de s'emparer de la bourse. Les bonnes gens étaient bien penauds, comme bien vous pensez ; ils se disputèrent, s'accusant mutuellement d'être la cause du désastre. Après réflexion, le paysan se décida à monter de cosse en cosse. Saint Pierre lui ferma d'abord la porte au nez, mais sachant qu'au fond c'était un brave homme, il lui remit un petit bâton en lui disant :<br/> — Si avec cela vous ne vous faites pas rendre les objets pris, vous n'êtes qu'un sot. Vous n'aurez qu'à dire: « Bâton, fais ton devoir, frappe partout, brise partout, et tout ira bien. » Le vieux, bien soucieux, redescendit ; quand sa femme vit le cadeau, elle se mit fort en colère ; lui, profitant de l'occasion s'écria :<br/> — Bâton, fais ton devoir, brise partout, casse partout.<br/> Dame ! il fallait voir la vaisselle voler en éclats, et la bonne femme recevoir les coups sur le dos.<br/> — Arrête-toi, bâton, criait-elle bien joyeuse, je comprends tout ; courons chez la voisine. Ce qui fut dit fut fait : le bâton fit son devoir et la voleuse effrayée, battue, rendit la bourse et la serviette. Depuis ce temps le pois a séché, et les deux vieillards qui n'ont plus besoin d'aller trouver Saint Pierre, vivent heureux et tranquilles. [[Catégorie:Conte merveilleux]] [[Catégorie:AT 0563]] [[Catégorie:Revue des Traditions Populaires, année 1888]] [[Catégorie:Maine]]
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