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Loup et le boquillon (le)
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Conté en patois par Mlle Pélagie Part, d'Herlin-le-Sec. ==Texte intégral== Il y avait une fois un boquillon<ref>Bûcheron.</ref> qui s'appelait Jéjeph. Il n'avait point d'enfants et vivait, avec sa femme Magrite, dans une petite bagnole<ref>Cahute.</ref> construite au milieu d'un bois. Un jour au soir, Magrite était occupée à faire, pour le souper, une marmitée dé guinse à cavrons<ref>Bouillie confectionnée avec de la farine, du lait de beurre (sortes de petites prunes aigres) et des cavrons.</ref>. Jéjeph fumait tranquillement sa pipe et attisait le feu de temps en temps ; il touillait<ref>Mêlait, brassait.</ref> aussi le guinse lorsque sa femme avait besoin de quitter la touche pour vaquer aux occupations du ménage. Tout à coup on gratte à la porte.<br/> « Magrite, vas donc ouvrir, dit le boquillon, qui était en train de touiller la bouillie.<br/> — Nou fait, vas-y toi-même. Donne-moi la louche, que je touille à mon tour ». Jéjeph s'en va tirer chl'amille<ref>Le verrou de bois.</ref> et, tout surpris et effrayé, il recule aussitôt jusqu'au fond de la cheminée. C'était un grand diable de loup qui avait gratté, un loup comme il n'en avait jamais vu, avec des yeux enflammés qui brillaient comme des charbons ardents dans la demi-obscurité de la cahute. Épouvanté à la vue de ce visiteur inattendu, le boquillon n'osait remuer. De son côté, sa femme était si épeurée, qu'elle n'avait plus la force de crier ni d'appeler. Pendant ce temps le loup s'était gravement assis sur son derrière, devant la cheminée, ayant l'air de se demander lequel des deux il mangerait, le bûcheron ou bien sa femme. Mais voilà que le guinse commença à répandre une odeur de brûlé. En sentant cela, une idée lumineuse vient à l'esprit de Jéjeph.<br/> « Fous-li sus s'tête eune louchie d'guinse<ref>Applique-lui sur la tête une cuillerée de bouillie.</ref> ! » crie-t-il à Magrite.<br/> Celle-ci comprit sur le champ la pensée de son mari; elle prit une forte louchie de bouillie brûlante et l'appliqua vivement sur la tête du loup, qui poussa d'affreux hurlements et décampa, sans demander son reste, par la porte qui était restée entr'ouverte. Jéjeph et Magrite s'estimèrent heureux d'en être débarrassés à si bon compte. Le lendemain, le boquillon prit sa cognée et s'en alla dans le bois pour abattre un arbre ; il avait, auparavant, bien recommandé à sa femme de veiller au loup, à qui il pourrait prendre fantaisie de revenir. À peine a-t-il donné quelques coups de cognée qu'il aperçut le loup de la veille se dirigeant vers lui, la tête pelée par le cataplasme que lui avait appliqué Magrite. Il était suivi d'une dizaine de compagnons affamés et munis, comme lui, d'une excellente denture.<br/> « Cette fois-ci, se dit Jéjeph en les voyant venir, mon affaire est claire : c'est ma dernière heure. Je n'ai plus qu'à me recommander au bon Dieu avant de passer le goût du pain ».<br/> Néanmoins il grimpa sur l'arbre qu'il allait abattre et se hissa de branche en branche jusqu'au couplet<ref>Cime, sommet.</ref>. Une fois installé, il eut tout le loisir de voir les loups tourner autour de sa citadelle, hurlant de colère de le savoir hors de portée. Mais ses ennemis n'entendaient pas le lâcher ainsi ; ils prirent le parti de se coucher au pied de l'arbre, afin de l'attendre. Une heure, deux heures, trois, quatre, cinq, six heures se passèrent de la sorte, et les loups ne s'en allaient pas. Et Jéjeph, commençant à s'ècrampir<ref>Avoir les membres engourdis.</ref>, restait toujours installé d'une manière fort peu commode dans le couplet de l'arbre. Finalement le loup échaudé, après avoir fait un signe de tête et hurlé un petit instant, s'étampa<ref>Se dressa.</ref> contre le tronc de l'arbre en s'y appuyant au moyen de ses pattes de devant. Un autre loup s'élança d'un bond sur les épaules du premier et se dressa aussi contre l'arbre, puis un-troisième, un quatrième, un cinquième et un sixième. Il n'en fallait plus qu'un pour arriver à la hauteur du pauvre boquillon, lorsque, heureusement, il se rappela l'effet de la cuillerée de bouillie et s'écria, de sa voix la plus forte :<br/> « Fous-li sus s'tête eune louchie d'guinse !»<br/> Ces simples mots changèrent d'un seul coup la situation. Le loup échaudé qui formait la base de l'échelle, se rappela l'aventure de la veille; il se laissa retomber à terre pour s'enfuir à toutes jambes ; et les autres loups s'écroulèrent les uns sur les autres et détalèrent au plus vite, les jambes affolées<ref>Blessées, meurtries.</ref> et les côtes enfoncées. Jéjeph put ainsi descendre de l'arbre, reprendre sa cognée qui était restée à terre, et regagner son logement sans encombre. ==Notes== <references/> [[Catégorie:Conte d'animaux]] [[Catégorie:AT 0121]] [[Catégorie:Contes du pays de Saint-Pol]] [[Catégorie:Revue des Traditions Populaires, année 1904]]
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