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Oiseau de feu et Vassilissa la tzarevna (l')
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Ce conte d'Afanassiev, traduit par Léon Sichler, a été publié dans la Revue des Traditions Populaires n° 1-7. == Texte intégral == Dans je ne sais quel royaume, par delà trente-neuf territoires, dans le trentième empire vivait un robuste et puissant tzar. Ce tzar avait à son service un vaillant archer et l'archer possédait un cheval de paladin. Un jour, l'archer se rendit sur son cheval de paladin dans la forêt pour chasser. Il chevauche par la route, et, chemin faisant, trouve à terre une plume d'or de l'oiseau de feu. Cette plume étincelle comme la flamme. Son cheval de paladin dit :<br/> — Ne prends pas la plume d'or, ou tu connaîtras le malheur !<br/> Le jeune homme devient pensif : faut-il, oui ou non, ramasser la plume ? La ramasser et la porter au tzar c'est gagner quelque généreuse récompense, et qui méprise la libéralité d'un tzar? L'archer n'écouta pas son cheval, il ramassa la plume de l'oiseau de feu, l'emporta et l'offrit en présent au tzar.<br/> — Merci ! dit le tzar; mais puisque tu as pu te procurer une plume de l'oiseau de feu, procure-moi donc l'oiseau lui-même ; si tu n'y arrives pas ; mon glaive te coupera la tête ! L'archer se répandit en larmes amères et s'en alla trouver son cheval de paladin.<br/> — Pourquoi pleures-tu, maître?<br/> — Le tzar m'a donné l'ordre de lui procurer l'oiseau de feu.<br/> — Je te l'ai bien dit : « Ne prends pas la plume, tu connaîtras le malheur ! » Allons, ne crains rien, ne te chagrine pas ; ce n'est pas encore le malheur, le malheur viendra plus tard ! Va-t'en chez le tzar et demande-lui que pour demain cent sacs de froment bien blanc soient répandus par toute la plaine unie. Le tzar donna l'ordre de répandre par toute la plaine unie cent sacs de froment bien blanc. Le lendemain, à l'aurore, le vaillant archer se rendit à cheval sur la plaine unie, laissa son cheval errer en liberté, et lui-même se cacha derrière un arbre. Tout-à-coup on entend du bruit dans la forêt, les vagues s'élèvent sur la mer; l'oiseau de feu vient à tire d'aile, il arrive au but, descend à terre et se met à becqueter le froment. Le cheval de paladin s'approche de l'oiseau, pose son sabot sur son aile et le serre bien fort contre terre; le vaillant archer sort vivement de derrière l'arbre, accourt, attache l'oiseau avec des cordes, s'assied sur son cheval et galope vers le château. Il apporte au tzar l'oiseau de feu; le tzar, en le voyant, se réjouit, remercie l'archer pour le service rendu, le gratifie d'un titre et sur le champ lui donne ce problème à résoudre :<br/> — Puisque tu as trouvé moyen de me procurer l'oiseau de feu trouve-moi une fiancée : par delà trente-neuf prairies, aux confins, de la terre <ref>Texte : sur la marge même du monde.</ref> où se lève le rouge soleil, demeure Vassilissa tzarevna <ref>Variante, la tzarewna Hélène la belle, à la tresse d'or. </ref>. C'est elle que je veux. Si tu me l'amènes, je te donnerai pour récompense de l'or et de l'argent, sinon, mon glaive te tranchera la tête ! L'archer se répand en larmes et va trouver son cheval.<br/> — Pourquoi pleures-tu? lui demande le cheval.<br/> — Le tzar m'a ordonné de chercher Vassilissa la tzarevna.<br/> — Ne pleure pas; ce n'est encore pas là le malheur; il viendra plus tard. Va chez le tzar, demande lui une tente avec une pointe en or et toutes sortes de provisions et de boissons pour la route. Le tzar lui donna toutes sortes de provisions, de boissons et une tente avec une pointe en or. Le vaillant archer s'assit sur son cheval de paladin et partit au-delà de trente-neuf territoires. Plus ou moins longtemps après, il arriva au bout du monde, là où le soleil sort de la mer azurée. Il regarda et vit sur la mer voguer Vassilissa assise dans un canot d'argent qu'elle faisait avancer avec une rame d'or. Le vaillant archer laissa son cheval se promener en liberté sur les vertes prairies, mordiller la fraîche herbette. Il déplia la tente à la pointe d'or, étala tous les mets et toutes les boissons, s'assit sous la tente et se régala, en attendant Vassilissa. Vasilissa la tzarevna aperçut la pointe en or, aborda au rivage, et tomba en admiration devant la tente.<br/> — Bonjour, Vassilissa tzarevna! dit l'archer, je vous en prie, veuillez goûter à notre pain et sel<ref>Signe d'hospitalité.</ref>, goûter les vins d'Outre-Mer. Vasilissa entra dans la tente: ils commencèrent à manger, à boire, à se réjouir. La tzarevna but un verre de vin d'Outre-Mer, devint grise et s'endormit d'un profond sommeil. Alors l'archer héla son cheval de paladin. Le cheval accourt. L'archer aussitôt déterre sa tente à la pointe d'or, s'assied sur son cheval de paladin, emmène avec lui Vassilissa endormie<ref>Ce trait rappelle Andromède.</ref>et s'élance sur la route du retour, comme une flèche qui part d'un arc. Il arrive chez le tzar, qui, en voyant Vassilissa eut une grande joie, remercia l'archer, et le gratifia d'un rang élevé. Vassilissa, à son réveil, reconnut qu'elle était loin, de la mer azurée, elle se mit à se chagriner, son visage en fut tout changé. Le tzar eut beau la raisonner, ce fut peine inutile. Alors le tzar eut l'idée de se marier avec elle, à quoi la tzarevna repondit :<br/> — Que celui qui m'a amenée ici, s'en aille vers la mer azurée ; au milieu même de cette mer gît une grande pierre, sous cette pierre est cachée ma robe de fiançailles ; sans cette robe je ne me marierai jamais !<br/> Le tzar s'adressa aussitôt au vaillant archer :<br/> — Va-t'en bien vite au bout du monde là où le rouge soleil se lève. Là-bas sur la mer azurée gît une grande pierre et sous cette pierre est cachée la robe de fiançailles de Vassilissa la tzarevna; trouve cette robe et apporte-la ici. Le temps est venu de célébrer la noce ! Si tu réussis, je te donnerai une récompense plus grande que la dernière, sinon, mon glaive te tranchera la tête. L'archer pleurant, alla trouver son cheval de paladin :<br/> — Voilà bien, pense-t-il, le moment venu d'une mort imminente.<br/> — Pourquoi pleures-tu mon maître? demande le cheval.<br/> — Le tzar m'a donné l'ordre d'aller chercher au fond de la mer la robe de fiançailles de Vassilissa.<br/> — Ah voilà! je te l'avais dit : « Ne prends pas la plume d'or, tu auras du malheur ! » Allons, ne crains rien : ce n'est pas encore là le malheur, il viendra plus tard! Assieds-toi sur moi et partons. Plus ou moins longtemps après, le vaillant archer atteignit le bout du monde et s'arrêta à la mer même. Le cheval de paladin aperçut une énorme écrevisse de mer qui se traînait sur le sable, et lui posa son lourd sabot sur son petit cou. L'écrevisse dit :<br/> — Ne me donne pas la mort! tout ce que tu désires, je le ferai.<br/> Le cheval lui répondit :<br/> — Au milieu de la mer azurée gît une grande pierre, sous cette pierre est cachée la robe de fiançailles de Vassilissa la tzarevna, apporte-moi cette robe.<br/> L'écrevisse, d'une voix retentissante, poussa un cri qui traversa la mer. Aussitôt la mer s'agita : de tous côtés émergèrent sur le rivage grandes et petites écrevisses ; ce fut comme un brouillard épais ! L'écrevisse la plus vieille leur donna l'ordre de l'archer. Toutes les écrevisses s'élancèrent à l'eau et une heure après retirèrent du fond de la mer, de dessous la grande pierre la robe de fiancée de Vassilissa la tzarevna. L'archer arriva chez le tzar en lui apportant la robe de la tzarevna. Mais Vassilissa dit encore :<br/> — Je ne te prendrai pas pour mari, tant que tu n'auras pas donné à l'archer l'ordre de prendre un bain dans de l'eau bouillante.<br/> Le tzar donna l'ordre de remplir un chaudron d'eau, de la faire bouillir, et d'y précipiter l'archer. Bientôt, l'eau bout à gros bouillons. On amène l'archer :<br/> — Voilà le malheur, un vrai malheur! pense-t-il. Ah! pourquoi ai-je ramassé la plume? Pourquoi n'ai-je pas écouté mon cheval !<br/> Son cheval de paladin lui revient en mémoire et il dit au tzar :<br/> — Tsar-gossoudar! permets-moi avant de mourir d'aller faire mes adieux à mon cheval.<br/> — C'est bien, va lui dire adieu! L'archer, arrivé près de son cheval, pleure à chaudes larmes.<br/> — Pourquoi pleures-tu, mon maître ?<br/> — Le tzar m'a donné l'ordre de prendre un bain dans de l'eau bouillante.<br/> — Ne crains rien, tu en sortiras sain et sauf! lui dit le cheval. Il prononce bien vite quelques paroles sur lui, pour que l'eau bouillante ne fasse aucun dommage à son corps blanc. L'archer s'en revient de l'écurie; aussitôt les hommes de peine le jettent droit dans le chaudron. L'archer plonge une ou deux fois, saute hors du chaudron et devient un si beau jeune homme, qu'on ne peut ni le dire, ni l'écrire de la plume. Le tzar en voyant combien il était beau voulut aussi prendre un bain, eut la bêtise de se mettre à l'eau et au moment même s'échauda à mort. On enterra le tzar, et à sa place on choisit le vaillant archer ; il prit pour femme Vassilissa la tzarevna et vécut avec elle de longues années dans l'affection et dans le plus parfait accord. <references/> [[Catégorie:Conte merveilleux]] [[Catégorie:Revue des Traditions Populaires, année 1886]] [[Catégorie:Alexandre Afanassiev]] [[Catégorie:Russie]]
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