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Rouge-gorge, le renard et le chien (le)
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Conté par François Joannou, tailleur d'habits à Arrens (canton d'Aucun),en 1896. ==Texte intégral== Un jour qu'elle se rendait au marché, la femelle du rouge-gorge laissa, comme gardien de sa nichée, son voisin et ami le renard. Dès que la mère se fut éloignée, le mangeur de poules se dirigea vers le buisson où se cachaient et somnolaient les petits, tout en relevant sa queue, afin qu'elle ne fit pas choir la rosée des herbes. Il fixe bien les oiselets mignons recouverts de leur duvet, et ouvrant le bec il les croque. Vers le soir, lorsque revint le rouge gorge, il trouva le nid défait. À peine en restait-il quelques plumes et quelques branchettes parsemant le pied de l'arbre. Les petits avaient disparu. La mère se dit : Renard, tu me le paieras. Le chien du parc n'était pas loin. L'oiseau va vers lui : « Ecoute, Antar — c'est ainsi qu'on le nommait,—le renard s'est gorgé du sang de mes fils; il faut que tu le chasses des cavernes, de la montagne et des sentiers de la prairie.<br/> — Moi, répartit le chien, comment veux-tu que je le rejoigne; il est trop rusé, le coquin. Mais si je te l'amène à la portée de ta patte, tu sauras bien lui montrer que tu ne marches pas à clochepied!<br/> — Eh oui, mon amie, si par hasard il vient me saluer, je te promets qu'il oubliera le goût de la viande du poulet et des petits du rouge-gorge.<br/> — Je n'en demande pas davantage. Fais le mort contre le poulailler, et, s'il vient visiter le coq... tu m'entends?<br/> — Oui! Quelques instants après, le rouge-gorge rencontrait le renard. Il fit beau visage :<br/> — Adieu, mon brave, ça va toujours?<br/> — Comme ci, connue ça, je promène à peine! répondit le renard.<br/> — A peine, dis-tu, tu plaisantes? Ajoute plutôt que tu deviens rondelet.<br/> — C'est vrai, rouge-gorge, que Dieu nous préserve de mal. A propos et ta petite famille, prend-elle des ailes?<br/> — Tu m'en donneras des nouvelles, gueusard ! Mais, va, j'excuse cet oubli si tu me promets de ne plus t'en rendre coupable. Offre-moi le coq de la basse-cour, j’ai une invite à dîner. Si tu le désires, je te garderai la meilleure cuisse.<br/> — Tu me pardonnes sitôt, rouge-gorge?<br/> — Assurément.<br/> — Et ce coq dont tu me parles?<br/> — C'est le trait d'union de notre réconciliation.<br/> — Bah! et le chien du parc, que dira-t-il?<br/> — Mais, tu ne sais pas qu'il a cessé d'aboyer. Il est mort sans nul doute, et ne gobera plus de croûtes de pain. Le vois-tu au fond de la basse-cour, la bouche ouverte et la langue pendante, depuis quelques jours la nourriture des vers.<br/> — S'il en est ainsi, tu l'auras bientôt, le coq du poulailler. Jurons, rouge-gorge, une paix nouvelle. L'oiseau prend sa volée et se repose sur le museau du chien. Il lui becquette l'oreille et crie an renard :<br/> « Tu vois bien qu'il ne vit plus? »<br/> Et à voix basse, il ajoute pour le chien : « Ferme l'œil, le renard approche, fais le mort ! » Le renard, craignant quelque surprise, prenait son temps. Finalement, sur un geste du rouge-gorge, il prit à deux mains son courage et vint à. côté du chien. Levant la jambe, « fist! » il arrose le museau de son ennemi :<br/> —Pourlèche tes lèvres, mon bon, tu m'en as joué assez depuis fort longtemps.<br/> Sous la tiédeur de cette pluie improvisée, le chien se réveille. Il saute au cou du renard et d'un coup de dent l'étrangle. Les premières effusions de la joie ayant disparu, le chien dit à l'oiseau :<br/> — J'ai mes dents effilées, quand est-ce que tu me paies ta dette?<br/> — Quand tu voudras! La maîtresse de la maison, une marmite sur la tête, portait le dîner aux faucheurs. Enhardi, le rouge-gorge agite ses ailes sous son nez. Elle, surprise, fait un faux pas et laisse tomber le seau. Du temps que la pauvre femme ébahie va raconter sa mésaventure chez elle et préparer un nouveau dîner, Antar l'avale sans qu'on l'en prie. Lorsqu'il ne voit plus que le sol, la terre et le gazon.<br/> — Rouge-gorge, fait-il, maintenant il me faut boire! Un charretier traversait la plaine avec, dans sa charrette une barrique de vin. C'était en juillet; la terre était surchauffée par le soleil comme les briques d'un four où l'on allume des bûches de hêtre. Au bout de chaque poil des chevaux une goutte d'eau pendait. Ils soufflaient et faisaient mainte station. Les voilà au repos, et le rouge-gorge se perche sur le fût de vin. Pim-pim de son bec sur les douves; pim-pim en secouant sa queue, telle qu'une gaule mince et allongée. Notre charretier prend une pierre et...; mais l'oiseau file à tire d'aile. Aussitôt parti, aussitôt revenu. Pim-pim sur les douves comme s'il voulait les percer. Le charretier colère, de ses deux mains, prend une grosse pierre, une pierre plus grosse que sa tête. L'oiseau fut encore préservé, mais, du coup, la barrique fendue laissa couler le liquide. Le chien qui se moquait pour l'instant de la mal-mariée le but à pleines gorgées. Il se plaignit encore. Après le manger, le boire, et après le boire, quoi donc?<br/> — Rouge-gorge, fait-il, je voudrais rire un brin, où vas-tu me piloter ? Un essaim de teilleuses frappaient de leur machine en bois de hêtre. Leurs bras s'agitaient et leur langue ne restait pas immobile. Notre rouge-gorge, vole et se perche sur la tête de la plus décidée. On s'aperçoit fort vite de sa présence et l'une des jeunes filles, prenant un bâton, frappe non pas l'oiseau, comme vous seriez tenté de le croire, mais le front de la fillette la plus décidée. Le rouge-gorge va d'un mouchoir à l'autre ; et le bâton a beau se lever, pas un seul coup ne l'atteint. Et les teilleuses, me direz-vous? Les teilleuses prirent au sérieux les coups reçus, elles s'arrachèrent les cheveux et se meurtrirent avec leurs poings fermés. À l'écart, le chien fit une belle digestion, car on lui servit de quoi rire tout à son aise. Notre rouge-gorge pouvait être satisfait de sa petite vengeance et d'avoir pu fêter à si bon compte son ami Antar. Il se remaria et depuis lors il couve une fois l'an. [[Catégorie:Conte d'animaux du Lavedan]]
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