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Tonneurs (les)
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Ce mythe Iroquois, collecté par V. Henry, est issu de la Revue des Traditions Populaires n° 1-4. == Texte intégral == Un jour trois guerriers partirent ensemble en expédition. Ils se trouvaient fort loin de leur pays natal. Il arriva qu'un d'eux se cassa la jambe. Les deux autres fabriquèrent une litière de branches d'arbres, l'y placèrent et se mirent en devoir de le rapporter chez lui. Ils arrivèrent dans une région montagneuse; le chemin devint ardu et le labeur pénible. Pour se reposer ils déposèrent un moment leur fardeau sur le sol; puis, s'étant un peu écartés, ils tinrent conseil, et il leur vint de mauvaises pensées. Non loin de l'endroit où ils étaient assis ils remarquèrent un grand trou dans la terre : ils y jetèrent la litière et leur compagnon, et retournèrent en toute hâte dans leur pays. A leur retour ils racontèrent que leur compagnon était mort des blessures qu'il avait reçues dans un combat. Grand fut le deuil de sa mère, pauvre veuve qui n'avait pas d'autre soutien. Ils la consolèrent un peu en lui assurant qu'il n'était pas tombé entre les mains de l'ennemi et qu'ils avaient eux-mêmes rendu à ses restes les honneurs funèbres. Le malheureux qu'ils avaient jeté dans le trou y demeura assez longtemps sans connaissance. Revenu à lui, il aperçut un homme à cheveux blancs qui se tenait blotti dans un coin au fond de la cavité.<br/> « Mon fils, lui dit ce vieillard en s'asseyant auprès de lui, que vous ont fait vos amis ?<br/> — Ils m'ont jeté ici, pour y mourir, je pense, répondit le guerrier.<br/> — Vous ne mourrez pas, mon fils, repartit l'autre, si vous voulez me promettre quelque chose en retour du service que je vous rendrai en vous sauvant la vie.<br/> — Que dois-je vous promettre ?<br/> — Peu de chose : quand vous serez guéri, vous demeurerez avec moi, vous chasserez aux alentours et vous me rapporterez tout le gibier que vous tuerez. »<br/> Le jeune homme le lui promit. Là-dessus le vieillard appliqua des simples sur ses blessures, et le soigna avec tant d'habileté et de dévouement qu'il ne tarda pas à entrer en convalescence. Ceci se passait en automne. Durant tout l'hiver, le jeune homme chassa et nourrit le vieillard de ses prises. Il avait été convenu entre eux que, si jamais il lui arrivait de tuer une pièce de gibier trop lourde pour ses seules forces, le vieillard, qui d'ailleurs ne quittait jamais son trou, en sortirait à son appel et viendrait l'aider à l'y transporter. Le printemps arrivé, la fonte des neiges et les averses continuelles rendirent la chasse beaucoup plus pénible. Un jour, le chasseur rencontra un ours énorme et le tua. Comme il se baissait pour en apprécier la grosseur et le poids, il entendit derrière lui un bruit de voix qui le surprit beaucoup ; car il était difficile de supposer que des créatures humaines eussent pu, dans cette dure saison, parvenir au coeur d'une région aussi déserte. Il se retourna et vit auprès de lui trois êtres qui semblaient des hommes et portaient des vêtements singuliers, tout pareils à des nuages. « Qui êtes-vous? leur dit-il. — Nous sommes les Tonneurs, » répondirent les trois hommes. Puis ils lui racontèrent qu'ils étaient chargés d'entretenir la terre et tout ce qu'elle renferme en bon état pour le plus grand bien de l'espèce humaine : en cas de sécheresse ils amenaient la pluie ; si les serpents pullulaient, ou telles autres mauvaises bêtes, ils avaient mission de les détruire, bref, de pourvoir en toutes choses au bien-être des hommes. « Présentement, ajoutèrent-ils, nous sommes venus ici pour tuer le vieillard au service duquel vous vous êtes attaché. Ne vous en étonnez pas, vous ignorez qui il est, mais nous vous le ferons voir tout à l'heure. Si vous voulez nous y aider, vous ferez une très bonne action, et en récompense nous vous ramènerons dans votre maison, vous reverrez votre vieille mère qui a grand besoin de vous et vous pourrez prendre soin d'elle. » Le jeune homme hésitait; mais l'espoir de revoir sa mère et son pays natal l'emporta à la fin sur sa répugnance à trahir son bienfaiteur. Il se rendit à la caverne et dit au vieillard qu'il avait tué un ours énorme qu'il ne pouvait rapporter seul. Le vieillard témoigna une très vive inquiétude : avant de sortir, il pria le jeune homme d'examiner attentivement le ciel :<br/> « N'y a-t-il point de nuage?<br/> — Aucun.<br/> — Mais je dis, pas l'ombre du moindre nuage ?<br/> — Non, le ciel est parfaitement clair. »<br/> Sur cette assurance, le vieillard sortit du trou et suivit le jeune homme, mais toujours fort inquiet, pressant son compagnon d'aller vite, et regardant à tout moment le ciel. Arrivés auprès de l'ours, ils le dépecèrent vivement, puis le vieillard dit au jeune homme de le lui charger sur les épaules. Celui-ci obéit, non sans admirer la prodigieuse vigueur de cet homme qui semblait si décrépit. Ils s'en retournaient aussi vite qu'ils étaient venus, quand soudain un nuage apparut au ciel et un tonnerre lointain gronda. Aussitôt le vieillard jette son fardeau et se met à courir de toutes ses forces ; mais le tonnerre gronde plus fort, se rapproche, et tout-à-coup le vieillard, n'ayant plus d'autre moyen de salut, reprend sa véritable forme, celle d'un gigantesque porc-épic, qui s'enfuit à travers les buissons en faisant jaillir derrière lui ses piquants comme des flèches. Le voici à l'entrée de sa tanière, mais le tonnerre le rejoint, et un dernier et formidable coup de foudre fait rouler le monstre sans vie au fond de la caverne. Alors les Tonneurs dirent au guerrier : « Notre besogne est faite. Nous allons vous ramener auprès de votre mère, qui pleure votre absence. » Ils l'habillèrent d'un vêtement tout pareil aux leurs, de la forme et de la couleur d'un nuage, et garni aux épaules d'une paire d'ailes dont ils lui apprirent à se servir. Il s'éleva avec eux dans les airs et se trouva en peu de temps dans le petit champ de sa mère. Il faisait nuit. Il se dirigea vers la hutte et souleva la natte qui en couvrait la porte. La veuve, le voyant apparaître dans le clair de lune, le prit pour le fantôme de son fils et demeura muette de terreur. Mais il lui dit : « Ne craignez rien, ma mère, je ne suis pas un spectre, je suis votre propre fils revenu auprès de vous en chair et en os pour prendre soin de vous. » Je laisse à penser la joie de la mère et l'accueil qu'elle fit à son fils. Toute cette année-là il demeura avec elle, remplissant avec assiduité tous ses devoirs filiaux. Or, en le quittant, les Tonneurs lui avaient dit : « Nous vous laissons votre costume tissu de nuages. Chaque printemps, quand nous ferons nos tournées, vous pourrez le remettre et nous rejoindre, pour assister aux bonnes oeuvres que nous faisons en vue du salut des hommes. » Il n'y manqua pas : ayant caché son costume au fond des bois, de peur qu'on ne le vît, il attendit le printemps. Quand les Tonneurs revinrent, il revêtit son costume et les suivit dans leurs excursions à travers les airs et parmi les nuages. Un jour qu'ils voltigeaient ensemble au dessus d'une montagne, il eut soif et, apercevant un étang à ses pieds, il descendit pour y boire. Lorsqu'il fut remonté, ses compagnons le considérèrent et remarquèrent que l'eau dont il venait de boire avait rendu ses lèvres luisantes comme s'il les avait frottées d'huile.« Où êtes-vous allé boire ? lui demandèrent-ils avec un vif intérêt. — Dans l'étang que voilà, » répondit-il, et il le leur montra, car ils ne l'avaient pas encore perdu de vue. Alors ils lui dirent : « Il y a dans cet étang un être que nous avons charge de détruire. Voilà des années que nous le cherchons, et c'est grâce à vous que nous l'aurons trouvé. » Là-dessus ils déchargèrent dans l'étang un grand coup de tonnerre qui le dessécha complètement. Au fond du lit se tordait, écrasé par la foudre, un ver immense, de l'espèce des vers qui s'attaquent au blé et aux autres produits des champs ; mais c'était un ver gigantesque, aussi grand qu'une maison, le patron et le représentant de toute la famille des vers. Après avoir accompagné encore à quelque distance ses divins amis et avoir assisté à d'autres exploits bienfaisants ainsi accomplis par eux, le jeune homme retourna chez lui, et enseigna à ceux de sa tribu que le Tonnerre était leur protecteur céleste, leur donnant comme preuves les prouesses tutélaires dont il avait été témoin. De là vient le culte dont le Tonnerre est l'objet parmi ces populations. Beaucoup d'Iroquois disent que Hinouw (Tonnerre) est leur grand-père. [[Catégorie: Mythe]] [[Catégorie: Revue des Traditions Populaires, année 1886]] [[Catégorie: V. Henry]] [[Catégorie: Iroquois]]
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