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Voleurs volés (les)
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Ce conte a été collecté par Victor Brunet. ==Texte intégral== Deux bons Sourdins qui avaient depuis longtemps quitté leur ville pour aller chercher fortune à Coutances, s'en revenaient faire un pélerinage à leur berceau natal, pas plus riches qu'ils n'étaient au départ, lorsqu'ils aperçurent à terre une bourse dont le ventre rebondi leur plut beaucoup. Regarder si nul ne les voyait, prendre la bourse, s'assurer de l'importance de son contenu, fut pour eux l'affaire d'un instant. Les deux compères s'esclaffèrent de joie lorsqu'ils, virent qu'elle renfermait deux cents louis. Point n'est besoin d'ajouter que ces honnêtes bas-normands n'eurent pas un seul instant la pensée de rechercher le propriétaire de la bourse; ils étaient les dignes fils de cette cité où les chiens ne recherchaient jamais leurs maîtres le long des rues, mais au haut des potences locales. Ils songèrent simplement à tirer tout bénéfice de leur trouvaille. Mais leur entente ne fut pas de longue durée ; les deux larrons n'étaient pas en foire; ils se chicanèrent bientôt, non pour l'emploi de la somme, mais uniquement sur le partage. L'un affirmait avoir aperçu le premier la bourse, et il réclamait une part plus forte que celle de son compagnon; l'autre ne le cédait en rien aux prétentions de son copain, prétendant qu'il avait donné le conseil de ne point la rendre, et que ce conseil valait bien quelque chose. Tout en cheminant, les deux compères parlaient si haut que leur conversation fut entendue par un paysan de Sainte-Cécile qui leur offrit de trancher le différend. Les deux Sourdins auraient bien voulu faire la sourde oreille; mais leur interlocuteur ne parut point disposé à lâcher prise; au contraire, il les somma d'accéder à son avis, sans quoi il allait avertir le bailli haut-justicier de Villedieu qui statuerait sur le cas. Les deux Sourdins, convaincus par cet éloquent discours, prêtèrent donc l'oreille. Celui-ci leur conseilla de ne point s'embarrasser de la bourse pour entrer dans Villedieu, afin de ne pas tenter l'avidité de leurs compatriotes. Il leur montra un grand peuplier dans lequel se trouvait placé un énorme nid de pie, et il leur dit d'y déposer la bourse pour la reprendre à leur retour. Afin de les mettre d'accord, il leur proposa de tirer à la courte-paille, quand ils la reprendraient, pour savoir qui aurait la plus forte part. Les Sourdins acceptèrent avec joie la proposition qui leur était faite. L'un d'eux grimpa alors au haut du peuplier, mit la bourse et son contenu dans le nid, s'assura bien que nul ne le voyait, et il redescendit.<br/> — Compère, dit-il alors à son ami, nous pouvons dormir en paix ; personne ne m'a vu !<br/> — Tant mieux ! compère ? Seulement, je me défie de la vache que voici dans le champ ; elle vous regardait trés curieusement monter à l'arbre. Si elle nous trahissait ?<br/> — Compère, vous perdez la tête ! Vous savez bien que cette vache ne peut pas causer. Du reste, elle ignore pourquoi je suis monté.<br/> — Vous avez raison, compère, et je m'en rapporte à vous.<br/> Les Sourdins quittèrent alors le paysan de Sainte-Cécile, et entrèrent dans la ville de Villedieu-les-Poëles. Inutile d'ajouter que le larron de Sainte-Cécile grimpa prestement à l'arbre, en enleva la bourse et les pièces d'or; puis, afin que les Sourdins gardassent un souvenir odoriférant du nid, il y mit une certaine quantité de bouse de vache. Les Sourdins restèrent deux ou trois jours à visiter leurs amis; puis ils reprirent la route de Coutances. Arrivés au pied du peuplier, l'un d'eux monta à l'arbre. Mais, horreur ! au lieu de trouver la bourse et les pièces d'or, il retira sa main enduite d'un produit dont l'arôme se fit sentir au loin; il ne comprit rien à cette étrange substitution. L'autre s'arrachait les cheveux de désespoir; il ne cessait de répéter :<br/> — Compère, je vous avais bien dit que la vache ne m'inspirait pas confiance! Elle vous regardait d'un air tout drôle, et c'est elle qui nous a joué ce maudit tour !<br/> — Croyez-vous, compère, que ce soit la vache?<br/> — Parbleu, qui voulez-vous que ce soit sinon elle; elle seule vous a vu, et non contente de nous voler, elle s'est foutue de nous!<br/> — J'admets bien, compère, puisque vous me le dites, que la vache ait monté dans le peuplier; mais ce que je ne comprends pas, c'est qu'elle ait pu se tourner le cul au haut de l'arbre pour bouser dans le nid ! [[Catégorie:Facéties normandes, contes recueillis à Villedieu-les-Poëles]]
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